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Ralan échevelé en son gîte songeait
Car que faire en son gîte
 à moins que l’on n’y songe ?


Ralan échevelé ?

Il avait quelques bonnes raisons à cela, en ces temps d’à-peu-près-histoire :

- il faut de prime abord souligner que l’usage du peigne ne se répandrait que quelques millénaires plus tard. A tout prendre, pouvait-on alors tenter d’utiliser à l’époque les restes de Frère-Poisson, les jours où la pêche voulait bien sourire. Une solide arête de carpe ou de barbeau, promenée le long du crâne, arrivait parfois à rompre le morne enchevêtrement de mèches folles ornant le dit-crâne. Léger mieux côté coiffure, mais surcroît d’odeurs, l’arête de Frère-Poisson ayant une tendance marquée à fouetter au bout de quelques jours.

- Notons par ailleurs que tout effort de coiffure mettait gravement en péril la survie du clan, voire de l’espèce. Une toison normale d’un bipède adulte abritait en effet de 4 à 5000 insectes divers, allant du pou musqué à la chenille processionnaire, sans oublier la tendre mygdale si craquante sous la dent. Autant de sources inépuisables de  protéines en ces temps de disette…

- Enfin, Ralan n’avait pas été sans remarquer que l’ordonnancement approximatif de sa chevelure n’allait pas sans provoquer œillades énamourées et propositions lubriques des femelles du clan. Les exigences de Petit-Frère-dans-le-Pagne (si remarquablement décrit à l’opus 7 de cette œuvre grandiose…) étant sans équivoque aucune à ce sujet, Ralan restait donc échevelé…

Et d’autant plus échevelé qu’il sortait de plus de deux longues années de sommeil prolongé, notre brave fils des âges farouches !

Deux années, autant d’hivers et un peu moins d’été à garder le silence et à pioncer, bien au chaud en son gîte. Ben oui, en inventeur consciencieux, Ralan mettait un point d’honneur à être le premier cobaye de ses propres inventions. Ayant d’un trait de génie, découvert la Flemme et ses diverses variantes locales, il venait donc de tester successivement :
- la fainéantise, circonscrite au nord du fleuve Loir, d’où l’expression « dormir comme un loir »…
- la feignantise, située au sud du même fleuve, fleuve dont l’importance fut telle qu’elle amena le poète André Breton à faire graver sur sa tombe « Je cherche Loir du temps », histoire de mieux dormir tranquille…
- le Fare-niente et la méridienne, acceptions strictement méridionales, requérant la stridente et lancinante plainte de milliers de cigales
- sans oublier la sieste crapuleuse, sous-variante franchement dégueulasse et sur laquelle nous ne nous étendrons pas. Dommage….

M’enfin, tout cela était bien bel et bon, mais il était plus que temps pour notre héros de reprendre son inlassable quête, celle de  mieux connaître ses frères humains, « ceux-qui-enseignent-debout »
Ce qu’il fit sans plus attendre…

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Fin donc de l’interlude et début haletant du huitième épisode de Ralan, le fils des âges farouches et du mammouth réuni.

Adoncques, à l’heure où blanchit la campagne, vois-tu, je sais que tu m’attends, Ralan pénétra de pied ferme dans le temple ancestral où se rassemblaient chaque jour ces bien curieux bipèdes.
« Ceux-qui-enseignent-debout » avaient en effet pris le pli, entre moultes harassantes séquences d’enseignement, de se retrouver trois fois par jour dans la grande salle du temple de leurs rites barbares, la

«Salle-des-Maître-Euh»

Comme son nom l’indique assez mal, cette salle était lieu propice à de longues litanies, consacrées, selon un rituel complexe :
- à l’indigence mentale des jeunes apprenants
- aux souvenirs émus des temps anciens où l’apprentissage de la chasse au mammouth était quand même plus facile.
- aux malédictions forcenées proférées contre les moitiés de Nistres (rappelons que ces Grands Prêtres, moitiés humains, moitié Bercy, portaient nom, de par leur demi-humanité de « Mi-Nistres »)
- à la dégustation sacramentelle du Ka-Fé, Té, Ouiski, Kok-Aï-Neu, et autres substances à même de leur permettre de prodiguer quelques heures encore leur doux apprentissages
- et enfin, et surtout, à la pratique répétitive de la Machine-à-Instruire Primordiale, le « Faute-Haut-Copieur »

Notons, en une disgression vengeresse, que l’on aurait bien tort d’incriminer ces pauvres hères d’utiliser ainsi une telle machine. Des millénaires plus tard, d’autres sectes inventèrent bien des « Machines-à-penser », ce qui n’empêcha pas Tom Cruise de faire une belle carrière, comme quoi même un nabot à talonnettes peut réussir dans la vie, mais ceci nous éloigne fort de notre sujet et du « Faute-haut-copieur »

Sujet qui, en soi, ne payait pas de mine et se caractérisait par quelques voyants lumineux et deux à trois boutons perchés sur le haut d’une vague caisse parallélépipédique. L’objet premier du « Faute-Haut-Copieur » consistait à reproduire à l’infini le texte qu’on lui soumettait, ce qui permettait de soumettre les jeunes apprenants des E-Khol aux joies sans pareil du QCM (Questionnaire sur le Crétacé Mitoyen), de l’ORL (Observation Ralentie de L’évolution), voire même du PPRE (Pas Possible de Réussir à l’E-Khol)

Ralan observa attentivement les diverses étapes de l’utilisation de cette merveilleuse machine, avec cependant un soupçon de vile jalousie devant cette invention dont il n’était pas l’auteur : il suffisait de soulever la capot, d’y déposer la plaque de pierre gravée à reproduire, de préciser de nombre de copies, et d‘attendre.
Un incessant cliquetis précédait la venue, plaques par plaques, des copies demandées.

« Par quel prodige, Oh, vous, Maîtres-qui-enseignent-debout, arrivez-vous à faire fonctionner ceci ? » s’enquiert (?), s’enquierra (??) s’enquit (? Eh merdre !), demanda Ralan.
«  Rien de plus simple, ouvrez la façade principale de l’appareil, lui répondit l’un des enseignants… »

Ralan y découvrit, niché à l’intérieur de la machine, un minuscule, petiot, petit et pas très grand pygmée, les pieds solidement enchaînés et les mains emplies de marteaux et burins, occupé frénétiquement à reproduire fidèlement sur autant de plaques de pierre, les signes, runes, et autres inscriptions de la plaque modèle.

L’enseignant reprit :

- Ces primitifs sans vergogne ont de doublements détestables doubles habitudes : ils copulent hors liens sacrés du mariage et des bénédictions de nos prêtres. Et pour mieux tenter de cacher leurs libidineuses pratiques, ils se livrent à leurs ruts bestiaux tout en haut de la cime des arbres

- D’où le nom de « Faute-Haut » que vous leur donnez, s’enquerra Ralan ?

- C’est cela. Lorsque nous les attrapons dans leurs érotomanies en altitude, la condamnation est sans appel, ils sont enchaînés et obligés de copier, plaques après plaques, les textes que nous leur soumettons, et ce, pour les siècles des siècles…

- D’où le nom, je suppose, de « Faute-Haut-Copieur », s’enquerissa Ralan ?

- C’est cela. Notons toutefois que ces lamentables sous-êtres ne sauraient travailler sans la contrainte ferme et bienveillante de nos techniciens. Leur indolence naturelle, leur paresse native, leur feignantise habituelle nous oblige à jongler sur leurs peurs ancestrales. Ayant comme tout primitif, la terreur qu’un jour, le ciel ne leur tombe sur la tête, nous imitons régulièrement le bruit de Frère-Tonnerre.
Ce qui les amène à se remettre au travail illico…

Ralan s’enquiquit :

- Il faut donc du Toner pour faire marcher le « Faute-Haut-Copieur » ?

- C’est cela. Vous m’excuserez, jeune indigène, je dois reprendre la classe, je vous laisse refermer le copieur

- Faites donc, rétorqua Ralan, prouvant par cela que le verbe rétorquer est infiniment bien moins suant que le verbe s’enquérir, mais cela fait certainement partie des Grands Mystères de Mère-Nature…

Ralan, en son for intérieur, songeait en sa tête qu’il était toutefois bien cruel de laisser son frère humain enchaîné sans le moindre réconfort.
Avant de refermer sur lui le capot du copieur, il lui servit une longue et rafraîchissante rasade du Ouiski de la Salle-des-Maîtres-Euh

Le résultat ne se fit pas attendre. Le copieur, sitôt fermé, se remit à la tâche avec une célérité jusqu’alors inconnue. Dès la première copie, propulsée d’une main tremblotante, arriva ce qui devait arriver : la feuille de pierre se coinça en un très joli accordéon, bloquant ainsi les plaques successives
LE FAUTE-HAUT-COPIEUR ETAIT BOURRE !!!!

Ralan, satisfait d’avoir inventé la panne, reprit sa route sans fin, tandis que, dans les taillis, les joyeux mammouths s’en donnaient à cœur joie…

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Lundi 29 Septembre 2014 

Jacques Risso est redevenu directeur d'école ...

 

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Pétition nationale pour Jacques

Une pétition est lancée pour soutenir Jacques

Elle compte désormais plus de 16 500 signataires

  Mille milliards de mille sabords !

En route vers les 20 000  ?

 

Pour aider Jacques, signez-la en cliquant ICI

 

( Carte et répartition des signatures consultable à ce lien )

LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO...

Je peux vous parler de Jacques ?

Jacques Risso, depuis 24 ans, est directeur de l’école élémentaire de Rustrel, dans le Vaucluse.

24 années de travail et d’engagement pour son école, pour ses élèves, 24 années et autant de rentrées de classes. Mais pas cette fois…

Le 30 Août, Jacques a été suspendu de ses fonctions : interdit de rentrée, interdit d’école, interdit de tout contact avec ses élèves, leurs parents, avec ses collègues…

Sa faute ? Peut-être ses « billets d’humeur », ses dessins qu’il réalise depuis des années..

Son délit ? Sa liberté d’esprit et de critique, son intelligence et son humour…

Son crime ? Aimer l’Ecole Publique, aimer son boulot d’instit et de dirlo, et les défendre…

Défendre Jacques aujourd’hui, c’est se défendre nous-mêmes : ce qui lui arrive aujourd’hui peut nous arriver demain !

Thierry Fabre

Directeur d’école - Marseille

 


Comité de soutien :

Michael SNURAWA Rue du château 84400 Rustrel - 04 90 04 92 92

Grégory CLAUSSE - Bd Colorado Brieugne 84400 Rustrel

 


 

Les dessins qui lui ont valu sanction se trouvent ICI et LA !

 

Et les vidéos du comité de soutien sont ICI

 

 

 


MODE D'EMPLOI

POUR ENVOYER, TEXTES, ARTICLES, REACTIONS, COMMENTAIRES, HOURRAS VIBRANTS, POUAHS ECOEURES, APPROBATIONS DELIRANTES, CRITIQUES VIRULENTES, COUPS DE GUEULE OU COUPS DE COEUR, IL VOUS SUFFIT DE CLIQUER ICI

 

ET POUR NE PLUS RIEN RECEVOIR, CLIQUER LA

MERCI, JAC...

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Juste comme ça, en passant...

"L'homme libre est celui qui a la possibilité de décider autrement..."

 

Rosa Luxembourg

Encore en passant...

Un message envoyé aux copains, en Mai 2011...

 

Bonjour
au début, je ne voyais pas trop de raisons d'en parler...
Mais comme j'en suis à recevoir pas mal de messages et d'appels me demandant "on ne te voit plus, ça va ?", autant dire les choses franchement.

Donc, ça va bien, merci, et je ne suis pas:
- mort
- malade
- dépressif
- philosophe
- IEN (par ordre croissant de catastrophes possibles)

Si je n'interviens plus sur le site du GDID, c'est tout bonnement parce que l'on m'a gentiment invité à faire valoir mes droits à la retraite associative : je ne suis donc plus membre du bureau du GDID, ni de son Conseil d'Administration, ni même, tout simplement, du GDID.

Depuis 8 mois, rien de ce que j'y faisais n'était bien, rien de ce que j'y disais n'était bon, aucune de mes propositions n'y avait la moindre valeur. Heureusement, nous vivons une époque moderne, le progrès fait rage et on ne m'a donc pas instruit de procès en sorcellerie.
Simplement, puisque l'efficacité est devenue le maître mot de notre association, il fallait donc, petit à petit, me contester toute responsabilité et ne plus accepter que mon seul travail, bien entendu sous aval et surveillance.

Ce qui me posait deux menus problèmes:

- je suis fainéant, je n'aime pas travailler. Tant que le GDID était un plaisir, je pouvais sans problème y multiplier les heures. S'il devient un travail efficace et encadré, c’est à dire une corvée… bof...

- je suis orgueilleux, on me l'a d'ailleurs assez reproché. C'est d'ailleurs ce coupable défaut qui m'avait amené à créer le GDID: j'étais plutôt fier de mon travail de dirlo, il me semblait normal d’essayer de le faire reconnaître. Etant plutôt fier aussi de ces dix années de GDID, je n'ai guère envie de n'y participer désormais que dans les seuls domaines où l'on y supporte encore ma présence.

Bonne continuation donc à tous, et bonne chance aux idées qui nous ont rassemblé un temps...

Amitiés

Thierry