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"L'homme trucide le mammouth"

L'ALEC TUE  RHREU...

 

" Ah, Ah !" s'exclama donc Ralan en portugais, car telle était sa langue grand-maternelle...

"Bon sang, mais c'est bien sur..." marmonna-t-il en lui-même, car tel était son cerveau favori et nombreuses ses lectures des aventures du Commissaire Bourrel...

"L'Alec tue Rhreu, oui, mais laquelle ?" songea-t-il en son esprit, qui était après tout son lui-même préféré ainsi que celui à qui il avait tendance à faire le plus souvent référence...

 

Ralan fut en son jeune temps doté d'une solide éducation.

Son père, ce héros au sourire si fou et sa mère, cette hétaire aux soupirs si roux, lui avaient en effet signalé, à maintes reprises et grandes baffes dans la gargoulette qu'il n'était que trois choses en ce très bas monde qui pouvaient donner une idée de l'infini:

-          l'inanité sonore des discours pré-présidentiels d'un mi-nistre de l'intérieur

-          la suite numérale des décimales du nombre PI

-          la multiplicité des méthodes d'ALEC-TUE-RHREU mise judicieusement en pratique par les instits des minots, pardon, par les professeurs des ET-COLLE des petits Alecs, pardon, par les appreneurs des enfants des géniteurs d'apprenants...

 

Rien donc que de moins étonnant à ce que le village dans lequel il entra d'un pas décidé, celui des "enseignants-qui-marchent-debout-et-apprenent-le -noble-art-de-l'Alec-tue-Rhreu" soit, non un village, mais une myriade de parcelles soigneusement cloisonnées, dotées chacune de leurs propres fortifications, de leurs Dieu tutélaire, de pièges-à-Frère-loups et de crânes des mécréants artistiquement placés ici et là...

 

Premiers remparts, premiers gardes et première question posée à Ralan

"Adores-tu A.P.I. ?"

A ce type de question et en ces temps néolithiques, il y avait, pour simplifier, deux types de réponse:

- "NON !" Ce qui vous valait séance tenante de retrouver votre tête soigneusement séparée de votre corps, tout en haut d'une pique

- "OUI !" Ce qui offrait l'avantage et de conserver votre tête sur votre torse, et de vous permettre d'entrer...

Ayant donc donné mot de passe idoine et adéquat, Ralan put donc s'entretenir avec l'un des adorateurs d'A.P.I.

 

-          "Pardonnez, cher Maître, mon insufférable hardiesse, mais auriez-vous l'extrême bonté de m'indiquer qui est donc A.P.I. ?

-          [ A.P.I., étranger, est notre dieu en matière d'Alec-tue-Rhreu ! Nous adorons Faune-et-Tiques, à qui nous lui parlons entre crochets, afin de lui manifester notre dévotion, et enseignons aux petits d'hommes que le fait d'étriper correctement un mammouth dépend avant tout de la segmentation phonologique des diverses composantes linguistiques du langage ]

-          Je n'y comprends que dalle, répondit Ralan. C'est donc certainement très belle chose que votre savoir ...

-          [  Le fait que de n'y rien comprendre vous place déjà en situation de pré-apprentissage. Le trouble déductif ne peut que béhavioriser votre comportement, d'où la nécessité de se raccrocher à A.P.I. ]

-          Je n'y entrave que pouic, rétorqua Ralan. Pourriez-vous donc m'en donner exemple ?

-          [ Il me déplait de délivrer à tout venant arcanes de ma sapience, mais un disciple possible n'est pas à négliger... Voici... Lorsque nous enseignons aux jeunes Alecs les bases de l'éventrage de Rhreu le mammouth, nous tentons avant tout de leur signifier que la chair du mammouth, pour délicate qu'elle soit, se magnifie avant tout dans le mélange d'infimes parcelles de cette viande avec quelques légumes hachés, le tout enroulé dans une crêpe, de façon à former ce que notre prophète, Chom-Ski le Noam appelait, selon ses ascendances orientales, un NEM D'aucuns disent un PHEM... ]

-          Mais, encore ?

-          [ C'est pourtant évident. Il est dans le mammouth bonnes viandes bien grasses et fausses viandes, nerveuses et insipides... Tout, en matière d'Alec-tue-Rhreu, passe donc par les GRAS-PHEM et les FAUX-NEM...]

-          Je n'y connobre nib, rétorqua Ralan. Mais, au moins, grand sage, combien de vos petits d'hommes en sortent-ils plus instruits ?

-          [ Fort peu, en vérité, mais cela est de peu d'importance. Notre méthode d'Alec-tue-Rhreu est basée sur le fait que les enseignants ne doivent absolument rien comprendre à ce qu'ils enseignent. Il est donc tout à fait normal que leurs élèves suivent leur digne exemple...]

 

Ralan, après avoir dévoré à belles dents, l'écorce entière d'un quinquina, remède souverain contre les maux de tête, passa chez les voisins...

A son grand dam, il découvrit qu'en matière d'Alec-tue-Rhreu, il était autant de méthodes différentes, autant d'apprentissages divers qu'il n'est de grains de sable dans l'entrejambe d'un vacancier.


Les uns tenaient pour la méthode gestuelle, arguant qu'à grands renforts de geste énigmatiques, toute difficulté d'apprentissage disparaissait. Les petits Alecs n'en disconvenaient point. Tout au plus constataient-ils l'étrange épidémie de tendinites et de fractures du poignet parmi leur apprenants...

 

Les autres professaient la méthode naturelle, soulignant en cela que tout apprentissage allait de soi. Il suffisait donc à leurs yeux, de jeter ensemble, dans un enclos solide, un petit d'homme de 5 à 6 printemps, une douzaine de mammouths hargneux, une lance, et de laisser soigneusement faire Mère Nature. Le fait pour le moins curieux que certains petits d'hommes survivaient parfois démontrait la véracité de cette méthode...

 

Certains penchaient  pour la fonctionnalité de l'Alec-tue-Rhreu. Puisque tout était affaire de sens (le sens dans lequel on projette la lance, le sens du vent pour ne pas être repéré, le sens de la fuite, le bon sens qui indique qu'il vaut mieux laisser les autres passer devant...) il suffisait à leurs yeux de mettre du sens aux apprentissages pour que ceux-ci deviennent plus aisés.

 

Il en étaient qui, les pauvres sots, allaient jusqu'à prétendre que la difficulté principale étant que le mammouth faisant partie des grosses bêtes, se devait d'être appréhendé globalement...

La grande majorité des enseignants-qui-marchent-debout, rétifs à ces querelles pédago-dingo-logiques, tentaient tout bonnement de piocher ici ou là ce qui leur semblait bon et utile aux petits d'hommes.

Parmi eux, d'incongrus frappadingues avançaient même l'idée qu'un enfant pouvait même trouver du plaisir à l'Alec-tue-Rhreu...

 

Ralan constata que les esprits s'échauffaient. Les diverses ET-COLLE s'affrontaient avec hargne, les mots s'envenimaient, on en venait aux mains, allant jusqu'à se jeter à la figure ce que l'on avait sous la main, les enfants eux-mêmes...

RALAN 6.2

Les petits d'homme volaient donc bas lorsqu'un grand cri s'éleva de la foule: RRHHOO !

 

Juché sur une chaire dépareillée, un Nistre prenait la parole, ce qui n'était pas rien...

En ces temps reculés, en effet, le pouvoir spirituel et temporel était assuré, non par des chamans, des sorciers, des boss, des coordonnateurs, mais par des Nistres.

Leur chef suprême, premier d'entre eux, se nommait, soyons logiques, le Premier Nistre. Ses aides géraient des domaines réservés et des portions plus congrues. A vrai dire, ce n'étaient que des moitiés de Nistre , des mi-Nistres, pourrait-on dire...

 

Ce mi-Nistre s'adressant donc à la foule prosternée, Ralan décida de faire fonctionner au mieux ses soeurs Oreilles...

 

-          Foin de vos faux Dieux ! Fi de vos vieilles querelles !

-          RRHHOO ! clama la foule ( Cette exclamation certes primitive était alors l'universelle marque de respect attentif... Chacun, de Lucy-dans-le-ciel-avec-des-diamants jusqu'à l'Homme de Java-pas-mal-et-toi, vous le dira...)

-          Tordons le coup aux fausses méthodes qui ont engendré 'l'illettrisme, la mélancolie, la délinquance scolaire, le mal de vivre et l'irrespect des bons auteurs !

-          RRHHOO !

-          Portons le fer et le feu à tous ces faux dieux ! N'écoutons plus Gafi, ce fantôme diabolique ! Méprisons Ratus, ce sordide rongeur ! Ne suivons plus les pas de Rémi et Nicolas, de Daniel et Valérie, d'Aucassin et Nicolette, du Club des Cinq et du Clan des Sept, de Tintin et Milou !

-          RRHHOO !

-          Mes frères humains qui après moi vivrez, écoutez-moi ! La syllabe est notre salut et Beuscher est son prophète !

-          RRHHOO !

-          Quoi de plus normal, de plus conforme à l'ordre divin des choses que la syllabe ? La syllabe est à l'origine de toute chose, au commencement de toute vie. La syllabe est l'alpha et l'oméga de nos tristes existences...

-          RRHHOO !

-          Prenons, dès la création du monde, à l'aube de ce mystère de la vie, une bactérie luronne que nous appellerons A, et un truc plus ou moins visqueux, tenant de la paracémie informe, que nous appellerons B...

-          Quoi de plus normal, je vous le demande, que B soit attiré par A ?

-          Quoi de plus normal qu'il se rue goulûment sur elle pour fusionner au plus près leurs surfaces respectives ?

-           Quoi de plus sain que B pousse même la lubricité jusqu'à embrasser A,  à bouche-que-veux-tu ?

-          Quoi de plus compréhensible, B refoulant un tantinet du goulot, que notre bactérie A se laisse aller jusqu'à émettre un léger "BAHHH" de dégoût ?

-          RRHHOO !

-          En vérité, je vous le dis, B + A = BAHHH !

 

Et il s'en alla, sous les applaudissements de la foule en délire. Ralan, un peu éberlué, ne pouvait que penser:

 

"Il est RRHHOO bien, notre mi-Nistre..."

 

Au loin, sur les contreforts de la vallée, les mammouths rigolards s'en tamponnaient joyeusement les badigoinces...

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Présentation

  • : En soutien à Jacques Risso: la bouteille à l'encre
  • Contact

A JOUER LE JEU DE L'HORLOGE, JE ME SUIS FAIT CALENDRIER...

N'en déplaise à d'aucuns, depuis le

Lundi 29 Septembre 2014 

Jacques Risso est redevenu directeur d'école ...

 

Recherche

Pétition nationale pour Jacques

Une pétition est lancée pour soutenir Jacques

Elle compte désormais plus de 16 500 signataires

  Mille milliards de mille sabords !

En route vers les 20 000  ?

 

Pour aider Jacques, signez-la en cliquant ICI

 

( Carte et répartition des signatures consultable à ce lien )

LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO...

Je peux vous parler de Jacques ?

Jacques Risso, depuis 24 ans, est directeur de l’école élémentaire de Rustrel, dans le Vaucluse.

24 années de travail et d’engagement pour son école, pour ses élèves, 24 années et autant de rentrées de classes. Mais pas cette fois…

Le 30 Août, Jacques a été suspendu de ses fonctions : interdit de rentrée, interdit d’école, interdit de tout contact avec ses élèves, leurs parents, avec ses collègues…

Sa faute ? Peut-être ses « billets d’humeur », ses dessins qu’il réalise depuis des années..

Son délit ? Sa liberté d’esprit et de critique, son intelligence et son humour…

Son crime ? Aimer l’Ecole Publique, aimer son boulot d’instit et de dirlo, et les défendre…

Défendre Jacques aujourd’hui, c’est se défendre nous-mêmes : ce qui lui arrive aujourd’hui peut nous arriver demain !

Thierry Fabre

Directeur d’école - Marseille

 


Comité de soutien :

Michael SNURAWA Rue du château 84400 Rustrel - 04 90 04 92 92

Grégory CLAUSSE - Bd Colorado Brieugne 84400 Rustrel

 


 

Les dessins qui lui ont valu sanction se trouvent ICI et LA !

 

Et les vidéos du comité de soutien sont ICI

 

 

 


MODE D'EMPLOI

POUR ENVOYER, TEXTES, ARTICLES, REACTIONS, COMMENTAIRES, HOURRAS VIBRANTS, POUAHS ECOEURES, APPROBATIONS DELIRANTES, CRITIQUES VIRULENTES, COUPS DE GUEULE OU COUPS DE COEUR, IL VOUS SUFFIT DE CLIQUER ICI

 

ET POUR NE PLUS RIEN RECEVOIR, CLIQUER LA

MERCI, JAC...

bouteille.jpg

Juste comme ça, en passant...

"L'homme libre est celui qui a la possibilité de décider autrement..."

 

Rosa Luxembourg

Encore en passant...

Un message envoyé aux copains, en Mai 2011...

 

Bonjour
au début, je ne voyais pas trop de raisons d'en parler...
Mais comme j'en suis à recevoir pas mal de messages et d'appels me demandant "on ne te voit plus, ça va ?", autant dire les choses franchement.

Donc, ça va bien, merci, et je ne suis pas:
- mort
- malade
- dépressif
- philosophe
- IEN (par ordre croissant de catastrophes possibles)

Si je n'interviens plus sur le site du GDID, c'est tout bonnement parce que l'on m'a gentiment invité à faire valoir mes droits à la retraite associative : je ne suis donc plus membre du bureau du GDID, ni de son Conseil d'Administration, ni même, tout simplement, du GDID.

Depuis 8 mois, rien de ce que j'y faisais n'était bien, rien de ce que j'y disais n'était bon, aucune de mes propositions n'y avait la moindre valeur. Heureusement, nous vivons une époque moderne, le progrès fait rage et on ne m'a donc pas instruit de procès en sorcellerie.
Simplement, puisque l'efficacité est devenue le maître mot de notre association, il fallait donc, petit à petit, me contester toute responsabilité et ne plus accepter que mon seul travail, bien entendu sous aval et surveillance.

Ce qui me posait deux menus problèmes:

- je suis fainéant, je n'aime pas travailler. Tant que le GDID était un plaisir, je pouvais sans problème y multiplier les heures. S'il devient un travail efficace et encadré, c’est à dire une corvée… bof...

- je suis orgueilleux, on me l'a d'ailleurs assez reproché. C'est d'ailleurs ce coupable défaut qui m'avait amené à créer le GDID: j'étais plutôt fier de mon travail de dirlo, il me semblait normal d’essayer de le faire reconnaître. Etant plutôt fier aussi de ces dix années de GDID, je n'ai guère envie de n'y participer désormais que dans les seuls domaines où l'on y supporte encore ma présence.

Bonne continuation donc à tous, et bonne chance aux idées qui nous ont rassemblé un temps...

Amitiés

Thierry