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L'aurore au doigts de rose nimbait la brume matinale d'où surgissaient, graves et mélancoliques, les longs barrissements des mammouths garés en double file.

Ralan se réveilla d'une nuit entrecoupée de cauchemars, salua Soleil levant, se gratta quelques sœurs Puces, déjeuna sur le pouce et reprit son chemin, fermement décidé à trouver parcelle de raison et d'humanité chez ceux qui enseignent debout…

 

Il avait ouit-dire que, suite à l'invention de la roue, du feu et du coutelas en silex-si-bien-aiguisé-qu'il-étripe-son-néanderthalien-en-quelques-secondes-que-c'en-est-un-plaisir, une nouvelle technologie s'en venait révolutionner ces âges pour le moins reculés.

Empli d'espoir et de crainte, il s'aventura donc d'un pied ferme sur le territoire des T.I.C.E., sigle, qui, comme tout australopithèque borné ne l'ignore pas, a pour sens

"Tristes Individus Communiquant Ensemble"

Même si la notion de "tristesse" lui semblait fort étrange, Ralan ne pouvait s'empêcher de murmurer à mi-voix:

"Rhumpfh Grapf, Arghuit"

(en langage moderne, cela pourrait signifier : "Jésus, Marie, Joseph, si les étranges bipèdes que nous sommes en sont venus à développer une technologie dont le seul but intrinsèque réside dans la communication avec autrui, c'est preuve s'il en fallait que toute étincelle d'humanité ne s'est pas irrémédiablement évanouie dans cette nuit ancestrales de nos âges farouches…" )

( Admirons au passage le sens de l'ellipse des langages primitifs, qui arrivaient à dire en trois grognements ce qu'il faut treize énarques, onze colloques et 78 B.O.E.N. pour énoncer péniblement…)

 

Ralan s'engagea donc sur l'autoroute de l'information et prit au petit bonheur la malchance, la direction d'AZERTYUIOP, charmante bourgade balnéaire de ce doux pays.

Entrant dans ce village, il en parcouru sentes et drailles, rues et boulevards, venelles et impasses, sans trouver âme en peine et qui vive. Ralan n'en perdit pas pour autant contenance.

Il fit donc marcher son cerveau à penser et se dit dans sa tête:

" Il devrait y avoir quelqu'un…

Mais il n'y a personne…

Lorsqu'il n'y a personne lorsqu'il devrait y avoir quelqu'un,

c'est qu'il y a une raison…

Ne serait-ce pas le jour de l'ouverture des soldes des Galeries Farfouillette , où l'on trouve tout pour l'homme sapiens et même pour le sapiens sapiens ? "

 

Ralan venait d'inventer L'HYPOTHESE !

Il s'accorda donc le temps d'une brève danse rituelle et de quelques glapissements de joie, devant cette nouvelle découverte qui constituait un petit pas pour son cerveau, mais un pas de géant pour l'humanité. Au mitan de sa danse, alors qu'il se concentrait pour un double salto arrière en hommage à la déesse Raison, un lugubre hurlement s'éleva de la case voisine, prouvant, par son origine indéniablement humaine, que ce village n'était ni réservé aux faux magiciens, ni si vide que ça  ( faux mage ou désert…) )

 

Ralan exécuta donc une nouvelle danse rituelle puisqu'il venait d'inventer la FAUSSE HYPOTHESE. Il est vrai qu'il écourta un peu les figures terminales, parce que bon, y'a pas que la danse dans la vie, surtout en plein soleil, après une longue marche, et qu'on a la pépie, et que dans la case voisine, le hurlement signifie la vie, et la vie, la possibilité de trouver un frère humain qui ne pourrait s'empêcher de vous offrir un rafraîchissement, surtout si c'est demandé poliment..

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Ralan pénétra donc dans la case et s'apprêta au choc du futur

Quelques dizaines d'individus de la tribu des T.I.C.E. étaient rassemblés dans des postures si bizarres qu'elles n'auraient su être le fruit de Grand-Cousine Hasard.

En effet, il se tournaient soigneusement le dos les uns aux autres, de façon à ce qu'aucun d'entre eux ne puisse voir le visage d'un autre individu du même clan.
Afin qu'ils ne puissent se regarder,

de grands écrans, emplis d'images colorées trônaient en face de chacun d'entre eux.
Afin qu'ils ne puissent se parler,

chaque machine émettait des sons, des paroles, des musiques et parfois même du bruit.

Afin qu'ils ne puissent se toucher,

leurs doigts étaient collés à des claviers, voire à des souris à longues queues grises.

 

Chacun tapotait frénétiquement son clavier, griffait frénétiquement le dos ensanglanté de pauvre sœur Souris, le tout entrecoupé de quelques jurons de fort bon aloi: "Palsambleu!", "Cornegidouille !", "Vertuchou, mon bon !", "Putaindebordeldemerded'encatanéd'ordivéroléàlaKhon !"

Visiblement, l'harmonie en régnait pas en ces lieux, songea Ralan, mais la Curiosité étant la fille de la Sagesse, le Questionnement, le fils maudit de la Mamma, et l'Appétance du Savoir, la mère de toutes les Batailles, il tenta d'en savoir plus.


Il s'adressa pour cela au seul membre disponible de la tribu des TICE, qui venait de lâcher

son Hors-Dieu-N'a-Tort, car tel était le nom de ces étranges machines.

Celui-ci exécutait fort habilement un pas de danse qui n'aurait pas été sans rappeler la gigue écossaise si elle n'avait pas été inventée quelques milliers d'années plus tard, signe que le contentement de soi dépasse toute donnée temporelle…

 

- Cher Monsieur de la Tribu des TICE, pourriez-vous m'expliquer ce qui vous rend si heureux ?

-         Jeune Homme, je COMMUNIQUE ! Pour la première fois, mon Hors-Dieu-N'a-Tort a daigné fonctionner !

-          C'est certes très heureux et j'en comprends mieux votre béatitude, mais daigneriez-vous me dire ce que cela signifie, "communiquer" ?

-         Vous êtes néophyte, sans nul doute; Sachez Jeune Homme Imbécile, que "communiquer" veut dire que l'on est en mesure d'écrire des mots à des gens éloignés et que ceux-ci peuvent nous répondre de même !

-         Quelle admirable invention, et qui serait fort utile au mythique clan de "Ceux-qui-enseignent-debout" Pouvoir échanger, dialoguer, s'enrichir le ciboulot d'un bout du monde à l'autre, ce serait là grande conquête pour nos frères humains !

Brûlant d'en savoir plus, j'oserais bien d'autres questions…

-         Par Saint BilleuGaitseu, notre révéré patron, posez donc…

-         Jusqu'à quels confins de notre monde farouche avez-vous donc communiqué, Ô grand T.I.C.E. (Terrifiant Internaute du Crétacé Elémentaire) ?

- Mais, mon jeune ami, jusqu'à mon collègue Marcel Erip, répondit-il en désignant du doigt, à deux Hors-Dieu-N'a-Tort de là, un membre de sa tribu…

- C'est bien peu loin, mais quel était l'étendue spirituelle du message que vous lui avez fait parvenir ?

- Je lui ai écrit, tenez-vous bien,

"Tu ne devineras jamais d’où je te t'écris…" !

-         Malepeste ! Et que vous a-t-il donc répondu ?

-         Rien… Il doit avoir un Vhir-Hus…

-         J'ignore tout de ce qu'est un Vhir-Hus, mais n'eût-il point été plus simple de vous lever, de vous approcher de votre collègue, et de lui dire tout bonnement ce que vous aviez à lui dire, usant en cela de votre langue, de vos lèvres et de votre souffle, en quelques phonèmes plus ou moins articulés ?

-         Quel intérêt y aurait-il à communiquer ainsi ?????????

 

Ralan reprit donc sa route en tentant d'imaginer comment Ceux-qui-enseignent-debout pourraient s'approprier si belle et bonne technologie. Il imaginait les temples du futur, les Sal-daMai-Trheu, ou chacun, se tournant le dos, pourrait dialoguer, échanger, travailler, construire, COMMUNIQUER, de clavier à clavier, au minuscule prix de quelques dos ensanglantés de Souris, et, certes, d'une légère atrophie du langage.

 

Mais il n'était qu'un simple sapiens solitaire, et loin de son foyer…

Il s'en alla donc vers le soleil couchant, tandis que dans le lointain vespéral, Frère Mammouth courait voluptueusement la gueuse avec Sœur Tricératops…

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  • : En soutien à Jacques Risso: la bouteille à l'encre
  • Contact

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N'en déplaise à d'aucuns, depuis le

Lundi 29 Septembre 2014 

Jacques Risso est redevenu directeur d'école ...

 

Recherche

Pétition nationale pour Jacques

Une pétition est lancée pour soutenir Jacques

Elle compte désormais plus de 16 500 signataires

  Mille milliards de mille sabords !

En route vers les 20 000  ?

 

Pour aider Jacques, signez-la en cliquant ICI

 

( Carte et répartition des signatures consultable à ce lien )

LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO...

Je peux vous parler de Jacques ?

Jacques Risso, depuis 24 ans, est directeur de l’école élémentaire de Rustrel, dans le Vaucluse.

24 années de travail et d’engagement pour son école, pour ses élèves, 24 années et autant de rentrées de classes. Mais pas cette fois…

Le 30 Août, Jacques a été suspendu de ses fonctions : interdit de rentrée, interdit d’école, interdit de tout contact avec ses élèves, leurs parents, avec ses collègues…

Sa faute ? Peut-être ses « billets d’humeur », ses dessins qu’il réalise depuis des années..

Son délit ? Sa liberté d’esprit et de critique, son intelligence et son humour…

Son crime ? Aimer l’Ecole Publique, aimer son boulot d’instit et de dirlo, et les défendre…

Défendre Jacques aujourd’hui, c’est se défendre nous-mêmes : ce qui lui arrive aujourd’hui peut nous arriver demain !

Thierry Fabre

Directeur d’école - Marseille

 


Comité de soutien :

Michael SNURAWA Rue du château 84400 Rustrel - 04 90 04 92 92

Grégory CLAUSSE - Bd Colorado Brieugne 84400 Rustrel

 


 

Les dessins qui lui ont valu sanction se trouvent ICI et LA !

 

Et les vidéos du comité de soutien sont ICI

 

 

 


MODE D'EMPLOI

POUR ENVOYER, TEXTES, ARTICLES, REACTIONS, COMMENTAIRES, HOURRAS VIBRANTS, POUAHS ECOEURES, APPROBATIONS DELIRANTES, CRITIQUES VIRULENTES, COUPS DE GUEULE OU COUPS DE COEUR, IL VOUS SUFFIT DE CLIQUER ICI

 

ET POUR NE PLUS RIEN RECEVOIR, CLIQUER LA

MERCI, JAC...

bouteille.jpg

Juste comme ça, en passant...

"L'homme libre est celui qui a la possibilité de décider autrement..."

 

Rosa Luxembourg

Encore en passant...

Un message envoyé aux copains, en Mai 2011...

 

Bonjour
au début, je ne voyais pas trop de raisons d'en parler...
Mais comme j'en suis à recevoir pas mal de messages et d'appels me demandant "on ne te voit plus, ça va ?", autant dire les choses franchement.

Donc, ça va bien, merci, et je ne suis pas:
- mort
- malade
- dépressif
- philosophe
- IEN (par ordre croissant de catastrophes possibles)

Si je n'interviens plus sur le site du GDID, c'est tout bonnement parce que l'on m'a gentiment invité à faire valoir mes droits à la retraite associative : je ne suis donc plus membre du bureau du GDID, ni de son Conseil d'Administration, ni même, tout simplement, du GDID.

Depuis 8 mois, rien de ce que j'y faisais n'était bien, rien de ce que j'y disais n'était bon, aucune de mes propositions n'y avait la moindre valeur. Heureusement, nous vivons une époque moderne, le progrès fait rage et on ne m'a donc pas instruit de procès en sorcellerie.
Simplement, puisque l'efficacité est devenue le maître mot de notre association, il fallait donc, petit à petit, me contester toute responsabilité et ne plus accepter que mon seul travail, bien entendu sous aval et surveillance.

Ce qui me posait deux menus problèmes:

- je suis fainéant, je n'aime pas travailler. Tant que le GDID était un plaisir, je pouvais sans problème y multiplier les heures. S'il devient un travail efficace et encadré, c’est à dire une corvée… bof...

- je suis orgueilleux, on me l'a d'ailleurs assez reproché. C'est d'ailleurs ce coupable défaut qui m'avait amené à créer le GDID: j'étais plutôt fier de mon travail de dirlo, il me semblait normal d’essayer de le faire reconnaître. Etant plutôt fier aussi de ces dix années de GDID, je n'ai guère envie de n'y participer désormais que dans les seuls domaines où l'on y supporte encore ma présence.

Bonne continuation donc à tous, et bonne chance aux idées qui nous ont rassemblé un temps...

Amitiés

Thierry